La Confédération Brésilienne de Football (CBF) a récemment pris des mesures historiques pour lutter contre la prolifération de matchs truqués et la corruption dans le monde du football. En nommant Eduardo Gussem, ancien procureur général de Rio de Janeiro, au poste de responsable de l’intégrité, l’institution cherche à endiguer les scandales qui ont entaché la réputation du football brésilien. Avec l’essor des paris sportifs au Brésil, le nouveau “monsieur propre” de la CBF aura fort à faire pour redorer le blason du sport le plus populaire du pays. En attendant que le gouvernement statue officiellement sur la réglementation des jeux d’argent en ligne dans le pays, Gussem devra s’attaquer à des maux profonds qui gangrènent le pays de l’ordre et du progrès.
Eduardo Gussem, nouvelle figure de l’anti-corruption au Brésil
Si le nom d’Eduardo Gussem nous est peu familier dans nos contrées, le natif de Rio de Janeiro a pourtant défrayé la chronique de la presse brésilienne ces dernières années. L’histoire la plus connue est celle du fils du président déchu, Flavio Bolsonaro. En 2018, un policier du nom de Fabricio Queiroz a vu son compte bancaire être l’objet de transactions illégales. Présenté à la justice, l’officier est soupçonné d’avoir fait transiter plus de 7 millions de reals brésiliens (environ 1,3 million d’euros). Fait plutôt étrange pour un fonctionnaire de police dont le salaire ne dépasse pas les 20 000 réals mensuels (3700 euros). Cette pratique, malheureusement courante au Brésil, est connue sous le nom de rachadinha (fuite, littéralement en brésilien). L’affaire Queiroz fit rapidement la une des quotidiens locaux. Le fils de l’ex-président, sénateur à l’époque, fut directement soupçonné d’avoir versé des sommes importantes sur le compte du gardien de la paix.
En janvier 2019, le procureur de la république de l’État de Rio de Janeiro, Eduardo Gussem, a récolté suffisamment de preuves accablantes pour accuser directement Flavio Bolsonaro. Eduardo Gussem, homme politique réputé pour sa politique anti-corruption, a finalement maintenu les accusations sur Flavio Bolsonaro, bien qu’il ait subi des pressions de la part de l’ancien président du Parti Libéral brésilien, Jair Bolsonaro. Gussem a aussi été en charge du dossier de l’assassinat de la conseillère municipale et militante LGBT, Marielle Franco.
Au vu des récents scandales survenus dans le football brésilien, la CBF a peut-être eu la bonne idée de faire appel à l’ancien procureur de Rio de Janeiro.
Eduardo Gussem a la CBF : une nomination historique
Récemment, le président de la Confédération brésilienne de football, Ednaldo Rodrigues a révélé vouloir réformer en profondeur le fonctionnement des institutions sportives au Brésil. Entre matchs truqués, “achats” d’arbitres et paris sportifs fictifs, la coupe est pleine. Le pays, qui compte autant d’habitants que de passionnés de football, doit à tout prix retrouver sa superbe et son rayonnement sportif à l’international. Avec Eduardo Gussem comme responsable de l’intégrité, secondé par l’avocat Antonio Carlos Lemos Basto, la CBF veut faire table rase du passé. Selon le président Rodrigues :
“Une lutte contre la manipulation des compétitions sportives nécessite une coopération nationale et internationale agile, rapide, durable et efficace”.
Alors que la Seleçao connaît une période en dents de scie, cette action pourrait apporter la crédibilité et le professionnalisme dont le football brésilien a grandement besoin.
Au micro d’un journaliste local, l’ancien procureur témoigne déjà de sa volonté de changer radicalement les mœurs :
“Notre objectif est d’apporter de la rigidité et de la sécurité au football. Aujourd’hui, plusieurs questions se posent : celle des paris et des matchs truqués… Nous analyserons attentivement tout cela, en élaborant des solutions rapides pour le public, les supporters et le monde du football”.
Quel avenir pour les paris sportifs au Brésil ?
En l’espace de quelques années, les paris sportifs sont extrêmement populaires au Brésil. Bien que ces pratiques soient strictement interdites, de nombreux supporters misent illégalement de l’argent sur leurs équipes favorites. Malheureusement, le gouvernement peine à contrôler ces activités frauduleuses qui peuvent certaines fois impliquer les groupements mafieux locaux.
Aussi, Eduardo Gussem aura un rôle crucial à jouer, lors du traitement de la question sur la législation des paris sportifs. En septembre dernier, le gouvernement du président Lula a approuvé une loi sur la régularisation des casinos en ligne et sites de jeux de hasard. Mais la Commission des Affaires Économiques du Brésil (CAE) s’est finalement rétractée et a désapprouvé le projet de légifération. Toutefois, le sujet devrait être officiellement traité prochainement à la chambre basse des députés brésiliens. Nul doute que Gussem aura son mot à dire dans cette affaire.
Conclusion
Avec plus de 13 millions de joueurs et joueuses licenciés à travers le pays et une équipe nationale qui a déjà raflé 5 coupes du monde, le football fait partie intégrante du mode de vie des Brésiliens. Le projet de réhabilitation des institutions footballistiques du pays voulu par Eduardo Gussem et les membres de la CBF promet de futurs changements drastiques dans le paysage du football brésilien.